Et pourtant en France certains promoteurs éoliens se permettent d'inclure leurs projets dans ces journées du patrimoine. Du n'importe quoi, et l'article d'Economie Matin est suffisamment clair sur ce qui sera dans quelques années le scandale de l'éolien.
Mais nous sommes habitués à ces faux discours justifiant le massacre de nos espaces ; il suffit de lire certains textes des promoteurs :
« Un paysage
n’existe que s’il est interprété par un observateur, il évolue avec les besoins
et le développement de la société. Il est donc subjectif et sa lecture
variable. Une construction ou un aménagement peut être décrié à l’époque de sa
création et être classé ou devenir emblématique à une autre période".
"c’est plus
délicat, même si le problème du paysage est le plus difficile à régler car très
subjectif"
"Le paysage
est un objet d’analyse subjectif étudié de façon sensible par un paysagiste
qualifié et indépendant, utilisant des outils et des méthodes objectifs. Cette
démarche et ces études ont été validées par les services administratifs
compétents pour instruire ce type de dossier"
Bien sûr le paysage n'est subjectif que pour ceux qui ne veulent pas faire l'effort de comprendre, où ceux qui veulent faire imposer leur points de vue ou (et) leurs intérêts.
Car en fait le paysage est bien une notion objective :
Au titre culturel, cela fait plusieurs siècles que dans nos civilisations le paysage est une notion qui s'est formalisée au travers des écrits, des réalisations, des pratiques de gestion de l'espace etc... et il suffit aujourd'hui de lire la presse, de se rendre dans une librairie ou une bibliothèque, d'aller au cinéma, d'aller au musée voir des peintres flamand du XVIIème, ou des peintres impressionnistes du XIXème, et même de voyager pour se rendre compte que le paysage est devenu aujourd'hui une composante importante de nos mémoires, de notre culture et de nos cadres de vie, et ça c'est très objectif.
Au titre juridique sans aller aux sources de notre civilisation gréco-romaine, en France depuis plusieurs siècles le droit s'est préoccupé du paysage. Aller sur l'Esplanade du Peyrou à Montpellier, si vous y appréciez les grandes perceptions paysagères à presque 360°, c'est parce qu'un édit sous Louis XV à réglementé la hauteur des constructions afin de dégager les grandes perceptions depuis cette place royale. Nos textes nationaux sur le paysage existent et ils ne sont pas subjectifs, ils se renforcent aussi sur des directives européennes et des convention internationales. Mais le droit face à la pression de l'argent on le tord un peu, et même beaucoup face au lobby éolien. Rappelez vous les nombreuses affaires de non prise en compte de nos sites majeurs, parfois même soulevées par l'UNESCO (Mont St Michel, cathédrale de Chartes), même en Lozère le projet de schéma éolien déclarait le site inscrit UNESCO en zone favorable à l'éolien, alors que dans son rapport de présentation l'Etat s'était engagé à exclure l'éolien industriel. Le droit est objectif, mais pour l'éolien industriel en France et même en Lozère son application est parfois subjective. Par exemple en Lozère le préfet a validé une étude qui ne préconise pas les projets éoliens sur le secteur du lac de Charpal, pourtant le projet du Born sur ce secteur a été autorisé. Il y a là une erreur manifeste d'appréciation des services.
Au titre professionnel, il est évident que le paysage n'est plus depuis longtemps une notion subjective. Il existe des théories du paysage, des approches historiques, géographiques, méthodologiques du paysage, il existe de nombreuses écoles du paysage, il existe de nombreux professionnels du paysage, il existe des fonctionnaires en charge du paysage, etc......mais il existe aussi des professionnels qui pour être rémunérés ou pour aller dans le discours dominant sont près à justifier tous les projets.
Au titre sociétal : il existe en France de très nombreuses structures qui se préoccupent du paysage, dont par exemple la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France. Et aujourd'hui plus d'un millier d'associations se structurent pour lutter contre le mitage de nos espaces ruraux par l'éolien industriel, entre autres au titre du paysage ; ça fait beaucoup de personnes et de structures qui ont une approche concordante et argumentée, et qui sont très loin d'être subjectives. Aussi nous afficher que le paysage c'est subjectif, c'est nous prendre pour des cons. Mais la connerie avec des médias qui sont subventionnés ou (et) liés par les rentrées publicitaires et donc attentifs à privilégier un discours langue de bois dans de nombreux domaines, est devenue un fait dominant en France . Il suffit de suivre l'actualité médiatique pour s'en convaincre.
Alors ne nous laissons endormir par tous ceux qui nous parlent de subjectivité, nous traitent d'admirateurs passifs du paysage, de contre tout ; ne nous laissons pas endormir par nos élus qui parlent sans arrêt de la beauté de nos paysages mais qui ensuite laissent faire n'importe quoi ; ne nous laissons pas endormir par certains services qui aux ordres d'un discours dominant oublient de faire respecter certains textes nationaux comme la loi Paysage, la loi Montagne, et d'autres comme la Convention Européenne du Paysage,....
Car la Lozère mérite que l'on ménage nos grands espaces ; le sud de la Lozère avec l'inscription UNESCO et l'Aubrac avec le projet de PNR qui devrait être validé début 2018, sont des espaces qui peuvent être protégés de l'éolien industriel, sous réserve d'être vigilants ( sur l'Aubrac il y a toujours les projets de Chauchailles, de La Fage Montivernoux, de La Chaze de Peyre, du Monastier,..).
Mais les menaces sont grandes sur la Margeride, raison de plus pour ne pas s'endormir, et en cette période des journées du patrimoine lozérien, raison supplémentaire de faire part à nos élus de notre opposition au mitage de cet exceptionnel massif.
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