mercredi 6 août 2014

Pique-nique contre l'éolien sur le massif des Taillades en Lozère

Nous vous avons déja parlé du projet éolien sur le massif des Taillades, qui a fait l'objet d'un avis favorable "hallucinant" de banalité de la part du commissaire enquêteur, complètement inféodé au promoteur éolien ; son avis étant presque du copie-coller de la prose du lobby éolien.

Les habitants du secteur se mobilisent pour contrer ce très mauvais projet, sur ce grand massif de la Gardille qui fait partie de l'identité et de l'histoire de la Lozère.

Ils organisent un pique-nique ce dimanche 10 août ; voir ci dessous l'annonce de l'association Urgence nature
l'association lozérienne "Urgence Nature" nous appelle à participer à

"une randonnée pique-nique aux Taillades (massif de la Gardille) pour s’opposer à l’implantation de 14 éoliennes industrielles : rendez-vous le dimanche 10 août à 11 heures à Chabalier (entre la Bastide et Chasseradès).»

 Nous vous mettons aussi ci-dessous un texte manifeste de l'association



Manifeste de la Gardille *


Le dictionnaire Larousse définit le paysage comme étant une étendue de pays qui s'offre à la vue. C'est aussi la mémoire physique, inscrite dans les lieux, des sociétés qui nous ont précédés. Modelé progressivement par l'homme, le paysage représente un équilibre séculaire entre les activités humaines et la nature. Il nous a été confié par nos parents et nous ne faisons en définitive que l'emprunter aux générations futures.

Le paysage lozérien est multiple : il est cévenol, caussenard, margeridien et aubracois. Il est vaste sans être écrasant et offre un horizon sans limite. "Ce qui arrête ici le promeneur, en réalité, c'est lui-même! Ce qu'il cherche dans ces horizons et ce qu'il y trouve, c'est sa propre humanité." (André Chamson).
Pourtant, certains Lozériens paraissent indifférents au caractère exceptionnel de nos paysages. Ils semblent prêts à les sacrifier pour accéder à une prétendue modernité et être enfin "comme les autres". Fascinés, ils perdent de vue que dans ce domaine, ne pas répondre au chantage à la modernité c'est se mettre à l'abri de destructions inutiles. Pour qu'on ne s'aperçoive plus de la richesse qu'on voudrait nous retirer, faudrait-il que le sens du Beau ait déjà été abîmé en nous !
Les éoliennes industrielles de plus de 100 mètres de haut sont hors d'échelle (plus de cinq fois la hauteur de l'église du village). "Jamais rien d'aussi grand et d'aussi haut placé donc d'aussi visible n'a été disposé dans le paysage durant toute l'histoire humaine. Elles ne peuvent pas ne pas se voir." (Pierre Moulier). Ces machines hachent le paysage et rompent avec la continuité historique humaine, jusqu'à constituer une véritable agression contre le Vivant. Ces éoliennes géantes défont brutalement le paysage. À fortiori dans ce quart sud-est du Massif central où le gisement éolien attire les industriels, le rideau d'éoliennes, en co-visibilité successive depuis le plateau aveyronnais du Lévézou jusqu'aux sommets du Vivarais, en Ardèche, fermera le paysage et emprisonnera le regard. Leur présence obsédante nous ôtera la possibilité de percevoir le paysage; alors que, comme le souligne la Directive nationale d'aménagement, il est souhaitable que la majorité des sites encore vierges le demeurent.
Nous, signataires du Manifeste de la Gardille, refusons que nos enfants et petits-enfants grandissent dans un monde où les paysages naturels ne seraient plus que des restes tragiques, encerclés par un bric-à-brac de "zones" de toutes sortes, formant un monde sans grandeur ni puissance d'évocation. Nous exigeons le respect de la Convention de Florence, ratifiée par la France, qui affirme dans son préambule : "Le paysage doit devenir un sujet politique d'intérêt général parce qu'il contribue de façon très importante au bien-être des citoyens européens et que ces derniers ne peuvent plus accepter de subir leurs paysages en tant que résultat d'évolutions de nature technologique et économique décidées sans eux. Le paysage est l'affaire de tous les citoyens..."

Sans la perspective de retombées financières, quel conseil municipal accepterait de sacrifier crêtes et sites naturels? Rappelons cependant aux élus que le paysage est un bien commun qui n'a pas de prix.
"Cessez de penser au bon usage de la terre comme à un problème exclusivement économique." (Aldo Léopold, Almanach d'un comté des sables). Le paysage est le support de nos rêves. Pourrons-nous encore rêver devant des paysages défigurés et uniformes du sud de l'Espagne au nord du Danemark?

(*) La Gardille est un vaste massif montagneux dont les crêtes culminent à 1500 mètres. Y prennent leur source l'Allier et l'un des principaux affluents de l'Ardèche, le Chassezac. Ce massif est menacé d'être colonisé par des dizaines d'éoliennes industrielles, ce contre quoi l'association Urgence Nature, initiatrice de ce manifeste, s'opposera par tous les moyens légaux. C'est volontairement que nous n'avons pas abordé ici le problème de l'imposture écologique et financière de l'éolien industriel.
Ce manifeste fait suite à une série de prises de positions sur la nécessité de protéger les paysages, aussi bien par des institutions (Conseil de l'Europe pour la Convention de Florence sur les paysages, la Fédération des conservatoires d'espaces naturels et la Fédération nationale des SAFER pour leur Manifeste sur les paysages, l'Académie des Beaux-Arts pour son Livre blanc 2007 sur les éoliennes) que par des particuliers (Éoliennes et paysages de P. Moulier, le Manifeste de Darmstadt de scientifiques allemands, Le paysage, l'industrie et le silence des agneaux de J-P. Courty, Éoliennes et paysages : le divorce de P. Peyroche...)

Version du 19 avril 2008 - Pour consulter la liste des signataires ou signer le Manifeste de la Gardille :
Urgence Nature, rue de la poste, 48250 la Bastide Puylaurent - la Canopée, bd de Gaulle, 48300 Langogne.



 
(photographie extraite du site : http://www.chemin-stevenson.org/fr/chemin-stevenson/mont-lozere/105.html)


Sachons conserver pour la Lozère cette image de légende du chemin de Stevenson, dans nos grands espaces encore naturels


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